1er Bataillon de Choc

Le Bataillon de Choc est une unité à vocation parachutiste créée au beau milieu du second conflit mondial, en mai 1943, juste après la libération de l’Afrique du Nord par les troupes anglo-américaine.

Après avoir participé aux combats de libération du territoire puis à ceux d’Allemagne et d’Autriche, il sera engagé en Indochine, d’abord par détachements puis en unité constituée, et enfin en Algérie sous forme de commandos.

À la fin de sa glorieuse existence en décembre 1963, il donne naissance au CNEC, le Centre National d’Entrainement Commando, qui hérite de ses traditions.

Seconde Guerre Mondiale

Lt-Col Gambiez
Le Bataillon de Choc, dont la première appellation est Bataillon d’Assaut, est créé le 23 mai 1943, à Staouéli près d’Alger, à l’instigation du commandant Fernand Gambiez.

Il s’agit de la première unité française à porter le nom ‘‘choc’’ et qui se veut, à l’instar des SAS anglais, une formation ‘‘parachutable’’ apte à agir sur les arrières de l’ennemi dans des actions de harcèlement de type guérilla ou sabotage.

A l’été 43, le bataillon qui s’est étoffé en effectifs s’articule de la façon suivante :
  • État-major doté d’une section de commandement
  • Détachement léger de services
  • 1re compagnie - Fanion bleu
  • 2e compagnie - Fanion blanc
  • 3e compagnie - Fanion rouge
Chacune des trois compagnies de combat comprend alors 4 sections de chasseurs.

Le premier engagement des chocs a lieu lors de la libération de la Corse à l’occasion de l’opération Vésuve. Un premier échelon de 109 hommes, rejoint le lendemain par l’ensemble du bataillon, est acheminé sur Ajaccio le 13 septembre 1943 par le sous-marin Casabianca.

Après avoir reçu la reddition de la garnison, l’unité s’enrichit d’une 4e compagnie composée de résistants Corse. Elle est commandée initialement par le lieutenant Ricquebourg puis par le capitaine Torri. Le fond de son fanion est jaune avec une tête de Maure symbolisant la provenance de la troupe.

D'octobre 43 à août 44, le Choc tient garnison à Calvi.

Le débarquement en Normandie du 6 juin laisse un goût amer aux hommes du Choc car ils s’attendaient à être engagés avec le 1er RCP ! Mais cette péripétie est vite oubliée puisque l’unité débarque en élément précurseur de l’opération Brassard le 17 juin (libération de l’île d’Elbe).

Peu de temps après, une section de 30 hommes aux ordres du sous-lieutenant Corley et de l'aspirant Muelle en provenance de Staouéli est parachutée les 31 juillet et 1er août sur la drôme. A l'origine, le commando était prévu pour soutenir le Vercors tombé entre temps.

Même si 10 d’entre eux ont la chance de sauter sur la Provence le 15 août au sein d’unités anglaises et américaines (le onzième, Folliero de luna, rejoint en planeur), les Chocs sont à nouveau absents pour le débarquement en Provence.

Le bataillon s’illustre néanmoins dans les combats de Toulon du 21 au 24 août, puis remonte la vallée du Rhône et libère Dijon le 11 septembre 1944.

À cette même époque, le Choc et le groupe de commandos de France, qui prendra plus tard le nom de 3e Choc, renforcés d’éléments FFI (groupe Bayard pour les Chocs), constituent une demi-brigade de choc aux ordres du lieutenant-colonel Gambiez.

Lors de ce rapprochement, le Choc hérite d’un détachement lourd que commande le lieutenant Fournier. Ce renfort, qui ne sera officiellement rattaché à l’unité que le 1er février 1945 pour devenir la 5e compagnie, passe sous le commandement du capitaine Lefort à compter du 25 octobre 1944. Le fanion de la compagnie est noir et conserve l’étoile et la croix de Lorraine des commandos de France, sa devise est : De plein gré.

Ce sont alors les combats dans les Vosges, notamment au Haut du Tôt début novembre, la libération de Belfort puis plus tard les combats en Alsace (Masevaux).

Suite à la réorganisation des troupes de choc le 5 janvier 1945 qui voit la création d’une brigade à 6 bataillons (lieutenant-colonel Gambiez), l’unité change d’appellation et pour se différencier devient le 1er Bataillon de Choc.

De fin janvier à début février 45, le bataillon se trouve à nouveau engagé en Alsace dans les combats de réduction de la poche de Colmar notamment à Jebsheim et Durrenentzen.

Après une période de repos de courte durée, il traverse le Rhin à la hauteur de Gemersheim le 2 avril 1945 et poursuit son épopée à travers l'Allemagne (Karlsruhe, Pforzheim, Dobel, Calmbach, Reutlingen), puis l'Autriche(Hintergasse) où il termine la guerre.

Raymond Muelle, dans son ouvrage Le 1er bataillon de choc, précise que les pertes de l’unité durant la seconde guerre mondiale sont de 205 tués, 535 blessés et 42 disparus.

Avec la fin du conflit les effectifs sont démobilisés et les structures adaptées… Ainsi, le 1er octobre 1945, la Brigade de Choc est dissoute pour former le RCIAP qui, un mois plus tard, prend le nom de 1er RICAP (1er régiment d'infanterie de choc aéroporté). En effet, à cette époque il était envisagé la création de deux divisions aéroportées (24e et 25e DAP) et en conséquence celle deux régiments d’infanterie aéroportée dont l’ossature du second viendrait du 21e RIAP.

Cdt Lefort
De son côté, le 1er Choc, renforcé d’éléments du 2e Choc (ex. bataillon Gayardon ou Janson-de-Sailly), devient quant à lui le 1er bataillon du nouveau régiment.

Fin 1945, le Choc quitte sa garnison en Autriche et vient s’installer près de Bordeaux au camp de La Pallu, un ancien camp de sous-mariniers allemands pendant l’occupation. Il rejoint le régiment de choc qui constitue la composante aéroportée (planeurs et paras) de la 25e DAP qui vient d’être constituée le 1er février 1946 et qui comprend également les 1er et 2e RCP qui sont des unités exclusivement parachutistes.

Durant le conflit, l’encadrement du bataillon fut le suivant :
  • Commandement : commandant Gambiez, capitaine Hériard-Dubreuil et capitaine puis commandant Lefort.
  • Etat-major : capitaines Hériard-Dubreuil, Mercier, Clauzon et Carbonnier
  • 1re compagnie : capitaines Thollot, Carbonnier, Lieutenant Gabillot de Chevrières
  • 2e compagnie : capitaines Vincent, Lefort et Toce
  • 3e compagnie : capitaines Manjot, Lamy et Rollet
  • 4e compagnie : lieutenant Ricquebourg, capitaine Torri, lieutenant Vermonet et capitaine Clauzon
  • 5e compagnie : capitaine Fournier
  • Section d’expérimentation : lieutenant Guernier, aspirant Jeanneney

Période Indochine

Les 1er et 2e Bataillons de Choc SAS qui forment la demi-brigade SAS du lieutenant-colonel Paris de Bollardière en Indochine sont mis sur pied à partir d’effectifs prélevés sur la 24e DAP dans les 1er et 2e RCP et le I/1er RICAP. Ces bataillons interviendront au Laos, Cambodge, Cochinchine et Tonkin de février 1946 à juin 1948 pour les derniers éléments rassemblés au sein du 1er BCCP.

À la même époque, en avril 1946, le 1er RICAP part s’installer en Algérie avec une partie de la division et, le 1er août, il change à nouveau de dénomination pour devenir le 1er Régiment de Choc.

En septembre, une nouvelle organisation des TAP voit la disparition du 2e RCP et la création de GAP (Groupement AéroPorté) au nombre de 3, installés respectivement en Algérie, au Maroc et en Métropole. Le régiment de choc est affecté au 2e GAP. Quand son premier bataillon est désigné pour l’Indochine ce dernier est encore partiellement stationné à Koléa en Algérie tandis que deux de ses compagnies sont déjà installées à Marrakech.

Le commandant Lefort, qui s’est blessé récemment, ne peut prendre part à l’aventure et accompagner le bataillon, difficilement constitué à partir d’effectifs prélevés sur le GAP, et qui comprend alors 700 hommes répartis dans un état-major, une compagnie de commandement et 4 compagnies de combat.

Le 13 février 1947, le 1er BPC, qui a retrouvé son appellation le 6 janvier précédent, débarque de l’Athos II à Saïgon et intègre la Demi-Brigade de Marche Parachutiste (DBMP) que commande le lieutenant-colonel Sauvagnac.

L’unité participe à de nombreuses opérations, dont certaines auront une composante aéroportée, principalement au Tonkin. On retiendra parmi les plus connues les opérations ‘‘Papillon’’ en avril, ‘‘Léa’’ en octobre (saut sur Bac-Kan), puis ‘‘Ceinture’’ à la fin de l’année 47.

Finalement, le bataillon embarque à Haïphong le 6 septembre 1948 sur l'Abbeville et, après une escale de 10 jours à Saïgon, rejoint Marseille le 19 octobre. Ses pertes durant son séjour en Indochine sont de 59 tués ou disparus, soit 3 officiers, 14 sous-officiers et 42 chasseurs, et 138 blessés.

La présence des ‘‘Chocs’’ en Indochine ne s’arrête pas avec le départ du bataillon. On les retrouvera plus tard au sein du GCMA dans des rôles d’encadrement et d’organisation de maquis destinés à réaliser des opérations commando en zone vietminh.

L’encadrement du Choc tout au long de cette épopée est le suivant :
  • État-Major
    • Commandant : chefs de bataillon Nasica et Clauzon
    • Commandant en second : capitaines Loubère et Buchoud
    • Médecin capitaine Toussaint et Avezou
    • Aumonier : sous-lieutenant Casta
  • Compagniede commandement : capitaine Bourdeaux et lieutenant Chanoine
  • 1re compagnie : capitaine Genestout
  • 2e compagnie : capitaine Buchoud, Lieutenant et capitaine Fournier
  • 3e compagnie : capitaine Vermonet et lieutenant Grenet
  • 4e compagnie : capitaine Lafontaine et lieutenant Jaussaud.

La Métropole et l’Afrique du Nord

De retour sur le sol métropolitain, le bataillon est d’abord regroupé à Tarbes puis est cantonné à partir de mars 1949 à Montauban au quartier Doumerc.

Le 1er avril 1951, dans le cadre de la création d’une nouvelle division, la 25e DIAP, et de 2 nouveaux régiments ‘‘aéroportés’’ sur le modèle des ‘‘gliders’’ des divisions américaines, les 14e et 18e RIPC, le bataillon est dissous pour former le 1er bataillon du 14e régiment d'infanterie parachutiste de choc (I/14e RIPC).

Le 1er janvier 1954, le régiment est transformé en demi-brigade d’infanterie (14e DBI) et perd sa spécificité parachutiste. Le 1er bataillon est dissout et ses cadres sont transférés au 19e Bataillon de Tirailleurs Agériens. Quand le 19e BTA est dissout à son tour le 1er octobre 1955, son fanion est confié au 12e BPC.

Il s’agit de la première disparition du Choc !

Cdt Mantéi
Le 1er Choc va renaître le 1er mai 1957, à la demande du capitaine Mantéi, par changement d’appellation du 12e BPC l’un des deux bataillons qui constituent la 11e demi-brigade parachutiste de choc (11e DBPC).

Ancien Choc lui-même de 43/45 (chasseur puis aspirant !), Mantéi conduit son unité dans l’opération Résurrection, en mai 1958 qui, dans le cadre du Putch d’Alger et du retour au pouvoir du Général de Gaulle, conduit à la prise des mairies, préfectures et sous-préfectures d’Ajaccio et de Bastia.

Lors de la Guerre d’Algérie, le bataillon intervient avec son homologue le 11e BPC, au sein du DS 111, pour Détachement Spécial 1er et 11ème Choc ou du Commando 117.

Jusqu’à sa disparition le 31 décembre 1963, le Choc sera en garnison à Calvi, au Camp de Fiume-Secco (futur camp Raffalli du 2e REP) et à Corte.

Le Choc de 1943 à 1963

Chefs de corps du bataillon

Durant ses 20 années d’existence, du 22 mai 1943 au 31 décembre 1963, le Choc aura été commandé par les officiers suivants :
  • 22 mai 1943 : commandant Gambiez (bataillon de choc)
  • 1er août 1944 : capitaine Hériard-Dubreuil (bataillon de choc)
  • 25 octobre 1944 : capitaine puis commandant Lefort (bataillon de choc, puis 1er BPC et I/1er RICAP)
  • 6 janvier 1947 : commandant Nasica (1er BPC en Indochine)
  • 8 juin 1947 : commandant Clauzon (1er BPC en Indochine)
  • Mars 1949 : chef de bataillon Noël (1er BPC)
  • avril 1951 : commandant Noël (I/14e RIPC)
  • Octobre 1953 : commandant Robert (I/14e BTAP)
  • 1er janvier 1954 : commandant Boffy (19e BPA)
  • 1er mai 1957 : capitaine puis commandant Mantéi (1er BPC)
  • 1er juin 1958 : chef de bataillon Faury (1er BPC)
  • 1er juillet 1960 : commandant Bichelot (1er BPC)
  • 1er juillet 1962 : chef de bataillon Camus (1er BPC)
  • 1er novembre 1963 : commandant Gout (1er BPC).

Les insignes du Choc

Insigne de poitrine

Au fil du temps, l’insigne de l’unité a évolué sans pour autant perdre sa forme et sa symbolique initiales : il est rond et son fond est de couleur doré. Il comporte en son centre la carte de la France aux couleurs du drapeau. Un poignard et un parachute rappellent la vocation de l’unité.

Héraldique :

Besant d’or avec France tricolore chargée d’un parachute et d’une épée brochant en barre.

L’insigne est homologué G455 en 1958 à l’occasion de la renaissance du bataillon. Avec Henri Simorre nous avons dénombré 9 types principaux qui peuvent faire l’objet de variantes.
Insignes de poitrine du Choc

La planche ci-dessus en présente 10 modèles :

Types 1 à 4 : fabrications réalisées pendant la 2nde guerre mondiale.
  • N° 1 - Fabrication d’Algérie, modèle peint - juin 1943 – à noter que le dessin de la France est très personnel !
  • N° 2 - Fabrication d’Algérie en version émaillée de fin 1943 – La carte de France est plus réaliste et est en relief. La dimension du parachute est particulièrement importante.
  • N° 3 - Fabricant Janvier-Berchot - septembre 1944 – Retour à un modèle plat.
  • N° 4 - Fabricant Arthus-Bertrand – septembre - octobre 1944 – Modèle en relief avec une France très inspirée du n° 1.
Types 5 à 7 : fabrication au retour d’Allemagne.
  • N° 5 - Modèle Aravit et Pérez de juin 1946 –Fabriqué à Alger. Apparition d’une bande noire en périphérie de l’insigne avec le nom de l’unité.
  • N° 6 - Premier modèle Drago : les premières fabrications de 1946 sont gravées Drago Béranger. Les suivantes sont marquées Drago Olivier Metra (1948 – Période Indochine), puis Drago Romainville (1952-1953) et enfin Drago Paris (fin 1953). A noter que le parachute comporte 8 suspentes.
  • N° 7 - Modèle Arthus Bertrand : 1949-50.
  • N° 8 & 8 bis - Deux nouveaux modèles Aravit et Perez fabriqués à Alger. La symbolique est à nouveau originale : la périphérie comporte un bandeau tricolore et le parachute n’a que 4 suspentes ! Le 8bis se distingue du 8 par la présence d’un fond blanc.
  • N° 9 - Nouvelle version de l’insigne Drago qui reprend le type 6 avec l’ajout d’une bordure dorée en relief. Cette version existe également en fabrication Courtois avec un motif très similaire même si le parachute est un peu plus gros.

Insigne de béret

L’insigne de béret reprend la même symbolique que celui de poitrine. Il fut d'ailleurs parfois porté en lieu et place de ce dernier.
Insignes de béret du Choc

Description des principaux modèles :
  • N° 1 - Insigne fabriqué par Graziani en septembre 1944 à Alger. Existe en version aluminium ou acier. L’insigne était cousu sur le béret via les petites pattes qui relient la carte de France au cercle périphérique.
  • N° 2 - Modèle en acier de Fraisse-Demey datant de fin 1944 et fabriqué à Paris.
  • N° 3 - Type Graziani peint aux couleurs de la France – Début 1945
  • N° 4 - Modèle artisanal obtenu à partir d’une pièce de 2 francs – début 1945
  • N° 5 - Modèle artisanal en aluminium peint – début 1945
  • N° 6 - Type Drago distribué à partir de 1946 (Drago Béranger) puis en Indochine (Drago Olivier métra).

Sources et bibliographies

La plus part des informations retranscrites dans ce texte proviennent de l’article Wikipedia que j’ai moi-même contribué à écrire et de la mine de documents postés sur le site du collectif du 1er bataillon de choc https://1erbataillondechoc.forumactif.com/.

Je ne dois pas oublier les deux ouvrages de Raymond Muelle, un ancien du Choc, Le 1er bataillon de choc (1977 - Presse de la cité - ISBN 2-258-00295-8) et 1er bataillon de choc en Indochine 1947 – 1948 (1985 - France Loisirs - ISBN 2-7242-2764-6).

Et bien évidemment, un ouvrage incontournable pour les fanas de la symbolique militaire, un petit livret fort bien illustré écrit en 2013 par Henri Simorre, le spécialiste de la symbolique militaire du Choc, Les insignes et tissus du bataillon de choc.

Commentaires

Articles les plus consultés

14e Régiment de Chasseurs Parachutistes

Le 2e BEP à Nghia Lo - octobre 1951

1er RCP - Les débuts