14e Régiment de Chasseurs Parachutistes

Le 14e Régiment de Chasseurs Parachutistes est une unité éphémère de l’armée française qui sera active 10 années, principalement pendant la guerre d’Algérie. Dissous pour sa participation au Putch d’Alger, il renaitra à la fin des années 70 sous le nom de 14e RPCS. Bien que l'article se réfère au 14e RCP, il est à noter que l'unité portera d'autres dénominations qui seront abordées dans le présent article.

Historique du 14e RCP

Le 14e RCP est l’héritier du régiment du Forez dont est issu le 14e Régiment d’Infanterie 1. Anéanti en juin 1940, ce dernier renait le 1er avril 1946 à partir des maquis toulousains sous le nom de 14e Bataillon d’Infanterie (14e BI).

Losange de bras du 14e RIPC
Le 14e Régiment d’Infanterie Parachutiste de Choc (14e RIPC) est en effet constitué le 1er avril 1951 à partir des unités territoriales de Toulouse, du 1er Bataillon de Choc (1er BPC du commandant Noel) et du 14e BI qui deviennent respectivement ses premier et deuxième bataillons2&3. En août, son commandement est confié au colonel Bergé, le créateur des parachutistes de la France libre (1re CIA FFL) les fameux SAS français.

Le régiment, qui comprend un bataillon de commandement à 3 compagnies (commandement, antichar et mortiers lourds) et deux bataillons de combat, est subordonné à la 25e DIAP qui vient d’être créée dans la 5e RM à partir des unités stationnées dans cette région.

Suite aux troubles qui éclatent en Afrique du Nord, le 14e RIPC constitue un bataillon de marche, le BMP/14, à l’effectif de 500 hommes environ qui sera déployé en Algérie entre janvier et juin 1952 afin de soutenir la 41e demi-brigade parachutiste.

Le 1er janvier 1954, le régiment change de dénomination et devient la 14e demi-brigade d’infanterie. Constituée principalement de tirailleurs Algériens encadrés par des parachutistes, l’unité, que commande le colonel de Rocquigny du Fayet, comprend le 19e Bataillon de Parachutistes Algérien (19e BPA) et le 35e Bataillon de Tirailleur Algérien (35e BTA).

Les deux bataillons, commandés par les commandants Boffy (19e BPA) et Lambert (35e BTA), sont engagés dans des opérations de maintien de l’ordre respectivement au Maroc et en Tunisie.
La tentative de créer des unités parachutistes Nord-Africaines est un échec puisqu’elle aboutira a des actes de rébellion et de désertion au sein de la troupe. L’unité est donc rapatriée en métropole pour être dissoute et devient, le 1er juin 1956, le 14e Régiment de Chasseurs Parachutistes.

Losange de bras du 14e RCP
second modèle
Le 14e RCP, cantonné à la caserne Niel de Toulouse, est commandé par le colonel Autrand (« mimile l’Africain ». Il est composé d’appelés du contingent et comprend 1250 hommes répartis comme suit :
  • un état-major,
  • une compagnie de commandement et des services,
  • un escadron de reconnaissance qui deviendra la compagnie portée,
  • une compagnie d’appui,
  • 4 compagnies de combats.
Le régiment comprendra également deux éphémères 5e et 6e compagnies entre septembre et novembre 1956.

Fin juin, l’unité gagne l’Algérie et est affectée à la 25e DP. Le régiment s’installe d’abord à El Affroun, à l’ouest de Blida, et participe à des opérations de maintien de l’ordre autour d’Alger, à la pacification de l’orléanvillois et à quelques opérations vers la frontière marocaine (Tindouf et Colomb Béchar).

Losange de bras du 14e RCP
dernier modèle
Fin 57, le régiment fait mouvement sur El Milia au nord-ouest de Constantine et participe à la bataille des frontières jusqu’à fin 58. En 1961, il sera stationné successivement à Rivet (Meftah) et Bône (Annaba) et Philippeville (Skikda?).
Après avoir combattu sur tout l’ensemble du territoire algérien, le régiment participe au Putch des généraux et est finalement dissous le 30 avril 1961. Il aura perdu dans ses rangs 120 tués et 260 blessés.

Le drapeau est confié au groupement d’instruction du 9e RCP puis, en 1965, à la 1re compagnie du 14e RI qui deviendra la 14e compagnie divisionnaire en 1968 l’embryon du 14e Régiment de Commandement et de Transmissions Parachutiste (14e RCTP - 1977). Ce dernier prendra en 1979 le nom plus connu de 14e Régiment Parachutiste de Commandement et de Soutien (14e RPCS), mais ceci est une autre histoire…

Encadrement du régiment

Les chefs de corps des régiments

14e RIPC :

  • 08/51 - 07/53 : lieutenant-colonel Georges Bergé
  • 08/53 - 01/54 : lieutenant-colonel Michel de Rocquigny du Fayel

14e DBI :

  • 01/54 - ??/55 : lieutenant-colonel Michel de Rocquigny du Fayel
  • ??/55 - ??/56 : colonel Emile Autrand

14e RCP :

  • 06/56 - 05/57 : colonel Emile Autrand
  • 06/57 - 07/58 : lieutenant-colonel Paul Ollion
  • 07/58 - 09/60 : lieutenant-colonel Jean Renon
  • 10/60 - 04/61 : lieutenant-colonel Pierre Lecomte

Les commandants de compagnie du 14e RCP

Compagnie de commandement et des services (CCS)

  • 06/1956 – 10/1956 : capitaine Paul Pauget
  • 10/1956 – 02/1957 : lieutenant Maxime Scot
  • 03/1957 – 08/1957 : capitaine Gérard Seys
  • 09/1957 – 12/1957 : lieutenant Pierre Duponteil
  • 01/1958 – 06/1959 : capitaine André Meneteau
  • 07/1959 – 08/1959 : capitaine Pierre Gaillard
  • 09/1959 – 03/1960 : capitaine Roger Amiel
  • 04/1960 – 10/1960 : capitaine Paul Pauget
  • 11/1960 – 04/1961 : capitaine Jean-Marie Bacque

Compagnie portée (CP/ER)

  • 06/1956 – 01/1957 : capitaine Gérard Gout
  • 02/1957 – 10/1958 : capitaine Louis Jaunay
  • 12/1958 – 03/1960 : capitaine Paul Pauget
  • 04/1960 - 03/1961 : lieutenant Jean Joyeux
  • 04/1961 – 04/1961 : capitaine Guy Genoux

Compagnie d’appui (CA)

  • 06/1956 – 09/1956 : capitaine Marcel Cassagneres
  • 09/1956 – 10/1956 : lieutenant Georges Ballivet
  • 10/1956 – 11/1958 : capitaine Bernard You
  • 12/1958 – 09/1960 : capitaine Jacques Nomura
  • 10/1960 – 04/1961 : capitaine Jean Gibergues

1re compagnie de combat

  • 06/1956 – 06/1956 : capitaine Alfred Martinais
  • 07/1956 – 04/1958 : capitaine Joseph Onimus
  • 05/1958 – 08/1959 : capitaine René Henry
  • 09/1959 – 02/1960 : capitaine Achille Muller
  • 03/1960 – 04/1961 : capitaine Bernard Tirat

2e compagnie de combat

  • 06/1956 – 06/1958 : capitaine Robert Debent
  • 07/1958 – 06/1959 : capitaine Michel Vallette d’Osia
  • 07/1959 – 03/1961 : capitaine Jacques Rolin
  • 04/1960 – 04/1961 : capitaine Gonzales de Linares

3e compagnie de combat

  • 06/1956 – 01/1958 : capitaine Achille Muller
  • 02/1958 – 11/1958 : capitaine Maxime Scot
  • 12/1958 – 07/1960 : capitaine Hervé Trapp
  • 08/1960 – 01/1961 : capitaine Brunier
  • 04/1960 – 04/1961 : lieutenant Pierre Aumonier

4e compagnie de combat

  • 06/1956 – 12/1956 : capitaine Emmanuel Bouchacourt
  • 12/1956 – 09/1958 : capitaine Louis Le Rudelier
  • 10/1958 – 06/1959 : capitaine Georges Hery
  • 06/1959 – 06/1959 : capitaine Michel Brassens
  • 09/1959 – 03/1960 : capitaine Alfred Martinais
  • 04/1960 – 04/1961 : capitaine Yves Gomane

5e compagnie de combat

  • 09/1956 – 11/1956 : capitaine Gérard Seys

6e compagnie de combat

  • 09/1956 – 11/1956 : capitaine Charles Linares

L’insigne du 14e RCP

L’insigne a été créé en 1935 à la demande du colonel Planchaud, chef de corps du 14e RI, par le capitaine Grammont, commandant de la 5e compagnie. Il sera homologué le 29 octobre 1947 sous le numéro H278 et porté par le 14e BI renaissant.

Héraldique de l’insigne

Bouclier français, tiercé de bande d’azur, de candide et de gueules, chargé des noms Forez – Béarn en capitale d’argent, accompagné en chef d’une casquette de gueules et de sable, en pointe le nombre 14 d’argent. Bordure d’argent chargée des noms en capitales du même en orle : Rivoli, Austerlitz, Eylau, Sébastopol, Champagne, La Marne, au chef surmonté d’un aigle au vol abaissé d’argent.

Explications de la symbolique

L’aigle qui surplombe l’écu rappelle l’épisode de la bataille d’Eylo durant lequel le capitaine Marbot rapporte à l’empereur l’aigle du drapeau du régiment qui vient d’être anéanti. La casquette est celle de Bugeaud qui commanda l’unité entre 1814 et 1815.

Les noms gravés sur le périmètre de l’insigne sont ceux des inscriptions présentes sur le drapeau moins, par faute de place des inscriptions, Les Monts et Picardie. Evidemment, l’inscription AFN, décernée récemment, n’est également pas présente.

Les couleurs bleu, blanc et rouge sont celles du drapeau français, elle rappelle également celle du drapeau du régiment du Forez.

Les explications sur la présence des deux noms Béarn et Forez qui font références à deux régiments de l’ancien régime ne sont pas unanimes. Pour certains, ces deux régiments sont à l’origine de la formation du 14e RI, pour d’autres, le régiment de Béarn n’a rien à faire dans la ligné du régiment qui ne serait l’héritier que du Régiment du Forez lui-même issu du régiment du Bourbonnais, il s’agirait donc d’une erreur commise à la création de l’insigne.
À noter, qu’aucun attribut supplémentaire symbolisant sa spécialité ne fut ajouté lorsque l’unité devint parachutiste.


Les différents modèles d'insigne du 14e RCP


Des 4 insignes proposés dans l’image ci-dessus, seul le premier présente des différences notoires avec les autres insignes qui globalement ne se distinguent que par la forme de l’aigle.

L'insigne repéré 1 est le premier modèle produit et est signé Drago 25 rue Béranger. Il ne comporte pas les noms de bataille sur sa périphérie et son aigle est plus fluet que celui des autres insignes. Il n’est pas certain qu’il ait été porté par le 14e RIPC. Le deuxième insigne est signé Drago Olivier Métra. Il fut distribué aux éléments du 14e RIPC et probablement conservé par les cadres de la 14e DBI.

Les modèles 3 et 4 sont deux modèles attribués au 14e RCP et fabriqués respectivement par les maisons Arthus Bertrand et Drago.

Il existe au moins 2 autres modèles de cet insigne, l’un émis par la société Courtois, le second par la maison Drago avec un aigle dont les ailes sont dites plaines, c’est-à-dire solidaires avec le sommet de l’écu (je suis à la recherche de photographies de ces 2 insignes).

D'après un ancien du régiment, le lieutenant-colonel Lecomte, dernier chef de corps du régiment, désirait modifier cet insigne en remplaçant la casquette par un parachute et en supprimant le nom des batailles. Je ne sais pas s'il existe une maquette ou un croquis de cet insigne.

Les insignes ultérieurs et destinés au 14e RPCS se différencient soit par le fabricant (Ségalen, Ballard, Delsart, Drago NMLV, Boussemart,…) soit par la forme de l’écu (plus ventru), soit par l’existence d’une casquette en relief. L’image ci-après donne en exemple le modèle Delsart.

Insigne du 14e RPCS

Notes

[1] Il existe une polémique quant à une éventuelle filiation avec le régiment du Béarn qui justifierait ce nom sur l’insigne.
[2] D'après certaines sources, le régiment n’aurait été mis réellement sur pied qu’en janvier 1952
[3] Le bataillon de choc provient de la 43e demi-brigade parachutiste constituée des 1er, 2e et 18e BPC et qui vient d’être dissoute.

Commentaires

  1. Le 14e RIPC existait en 1951, j'ai retrouvé des JORF de 1951 qui en attestent, avec des nominations d'officiers au grade supérieur

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    1. Bonjour, oui c'est bien ce que j'ai écrit : le 14e RIPC est créé le 1/4/51.

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  2. Le col. Leconte prévoyait modifier l'insigne en y ajoutant ( enfin ) un parachute ,

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    1. Merci pour ce complément fort intéressant.
      Bruno

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  3. Lequel des 4 insignes représente le 14 choc ?

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  4. Bonjour Para du 6,
    d'après mes infos, le 2 a été porté par le 14e Choc et peut-être également le 1 mais ce n'est pas certifié pour ce dernier
    Bruno.

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  5. Bonjour ,
    A chaque changement de dénomination du 14 correspond un losange modèle 45. Il y en a 5 types différents au moins.

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    1. Bonjour Bénédicte,
      Vous avez probablement raison mais je n'ai pas une copie de chacun.
      Je serai ravi que vous me fournissiez une copie des manquants.
      Bruno

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  6. D'après le livre de Renaud intitulé le 14 r p c regiment compose d'appeles encadrés de sous off et officiers de carrière
    Un bien beau regiment de combat

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